Pourquoi le bien-être animal n'est-il pas respecté dans les abattoirs ?

écrit par Rudy Boutte · Documentation


De nos jours, le bien-être animal est sujet à de plus en plus de question. Il est donc légitime de se demander si celui-ci est respecté dans les abattoirs.

De nos jours, le bien-être animal est sujet à de plus en plus de question. Il est donc légitime de se demander si celui-ci est respecté dans les abattoirs.

Bien-être animal

Le bien-être animal désigne, selon l’OIE (Organisation Mondiale de la Santé Animale), “l'état physique et mental d'un animal en relation avec les conditions dans lesquelles il vit et meurt”. En clair, l’état à la fois physique et mental de l’animal, en fonction des conditions dans lequel il évolue, en partant du début de sa vie jusqu’à sa mort.

De plus, le bien-être animal est caractérisé par cinq libertés fondamentales universellement reconnues, fondées scientifiquement et énoncées par l’OIE :

 

  1. Absence de faim, de soif et de malnutrition
  2. Absence de peur et de détresse
  3. Absence de stress physique et thermique
  4. Absence de douleur, de lésions et de maladie
  5. Possibilité pour l’animal d’exprimer les comportements normaux de son espèce

L’OIE souligne également le fait que le bien-être animal requiert la prévention et le traitement des maladies, une protection appropriée, des soins et une alimentation adaptée, des manipulations sans cruauté, abattage ou mise à mort effectuées dans des conditions décentes.

C’est donc à travers ces différents éléments que nous allons vérifier si les abattoirs respectent ou non le bien-être animal.

Abattoirs

En se basant sur le “Code sanitaire pour les animaux terrestres” rédigé par la Commission du Code de l’OIE, nous allons analyser certains éléments de ce dernier afin de vérifier si le bien-être animal est respecté ou non dans les abattoirs.

Au sein du chapitre 7.5 “Abattage des animaux”, nous retrouvons les différentes étapes qui liées à l’abattoir.

Acheminement et manipulation des animaux

En ce qui concerne l’acheminement et la manipulation des animaux, l’article 7.5.2 énonce les conditions suivantes de cette étape :

  • “Les animaux doivent être transportés en vue de leur abattage de manière à compromettre le moins possible leur état de santé ainsi que leur bien-être.”
  • “Les animaux blessés ou malades nécessitant un abattage immédiat doivent être mis à mort à bref délai dans des conditions décentes [...]”
  • “L’usage des instruments susmentionnés doit se limiter à des aiguillons électriques appliqués à la partie postérieure chez les porcs et les gros ruminants [...]”
  • “Parmi les dispositifs utiles dont l’usage est autorisé pour la conduite des animaux figurent les panneaux de rabattage, drapeaux, tapettes en plastique, cravaches (badines munies d’une courte claquette en cuir ou autre), sacs en plastique et crécelles métalliques [...]”
  • “Les conteneurs dans lesquels sont transportés les animaux doivent être manipulés avec ménagement, et il est interdit de les jeter à terre, de les laisser tomber ou de les renverser. Dans la mesure du possible, ils devront rester en position horizontale lors des opérations [...]”
  • “utilisation de matériel conçu de manière à réduire les sifflements et les bruits métalliques [...]”
  • “Les méthodes d’immobilisation causant des souffrances évitables ne doivent pas être appliquées chez des animaux conscients, car elles provoquent douleur extrême et stress.”

Le premier problème que l’on peut soulever ici est l’acceptation du fait que l’état de santé et le bien-être de l’animal sont compromises durant le transport. C’est en tout cas ce qui est par définition précisé lorsque le terme “le moins possible” est utilisé en abordant ce point-ci. Il y a donc atteinte aux cinq libertés fondamentales énoncées précédemment.

Le second problème que l’on peut soulever ici est le fait que les animaux “blessés ou malades” sont orientés vers un abattage immédiat ce qui vient directement entraver leur droit à des soins adaptés.

Quant au troisième problème que l’on peut souligner ici est l’usage autorisé de certaines armes* lors des transports et des manipulations des animaux. L’utilisation d’aiguillons électriques, de tapettes, de cravaches et de crécelles métalliques est fréquente pour faire avancer les animaux à travers les installations de manipulation et dans les camions. Ces derniers génèrent chez l’animal une peur et un stress important, ce qui s’oppose naturellement à deux des cinq libertés fondamentales liées au bien-être animal. On peut également souligner le fait que le terme “d’instruments” a été choisi pour remplacer le terme plus violent “d’armes”, qui par définition correspond davantage auxdits “instruments” qui vont venir agresser les animaux.

De plus, on retrouve également un quatrième problème qui autorise d’une certaine façon l’exposition des animaux à des sifflements et à des bruits métalliques généralement sources de peur et de stress. Il s’agit là d’une autorisation indirecte de procéder ainsi lorsqu’est précisé qu’il faut utiliser du matériel conçu de manière à “réduire”, et non supprimer, les sifflements et les bruits métalliques.

Enfin, le cinquième problème que l’on peut souligner est celui des souffrances infligées aux animaux lors de la mise en pratique de méthodes d’immobilisation. En effet, il est possible de noter que des souffrances sont obligatoirement infligées sur les animaux, ce qui génère une douleur extrême et beaucoup de stress lorsqu’il est précisé “des souffrances évitables”. Cela sous-entend qu’il y a donc des souffrances qui ne le sont pas, en entrave directe avec trois des cinq libertés fondamentales des animaux.

* En référence à la définition suivante : “Instrument ou dispositif servant à tuer, blesser (une personne, un animal) ou réduire un ennemi.” (Source : Le Robert)

Soins assurés dans les locaux de stabulation

En ce qui concerne les soins assurés dans les locaux de stabulation*, dans l’article 7.5.5, nous pouvons découvrir certaines conditions liées à cette étape :

  • “La zone de stabulation doit être bien éclairée afin de permettre aux animaux de s’orienter, sans toutefois être éblouis. La lumière doit être atténuée durant la nuit.”
  • “Les femelles qui ont mis bas durant le voyage ou dans le local de stabulation doivent être abattues dès que possible, ou bien être placées dans des conditions leur permettant d’allaiter pour leur confort et assurant le bien-être des nouveau-nés.”

e sixième problème posé ici est celui autour de l’éclairage autorisé dans les locaux de stabulation. C’est-à-dire que l’exposition des animaux à un éclairage en permanence est autorisé, y compris la nuit, avec pour seule contrainte de réduire l’intensité d’éclairage la nuit sans pour autant l’arrêter. Ce qui a pour conséquences de perturber le rythme de sommeil des animaux et de fatiguer davantage ces derniers. Il s'agit là encore d'une entrave à une des cinq libertés fondamentales des animaux.

Quant au septième problème que l’on peut souligner ici, il s’agit du choc émotionnel de certaines femelles qui ont mis bas et qui vont être séparé instantanément de leur(s) petit(s) pour être abattu. Cela vient entraver deux des cinq libertés fondamentales des animaux, et plus particulièrement celles qui pose explicitement les principes de détresse et de stress chez l'animal. La femelle sera en état de stress total, et de détresse extrême après la séparation de son ou ses petits.

* En référence à la définition suivante : désigne un enclos, une cour et autres zones d’attente servant à héberger des animaux et à leur donner les soins nécessaires (abreuvement, nourriture, repos, etc.) avant de les déplacer ou de les utiliser pour des besoins spécifiques, y compris en vue de leur abattage.” (Source : OIE)

Étourdissements et abattage

Le respect du bien-être animal lors de l’étourdissement puis de l’abattage est discutable dans de nombreux cas. Les termes utilisés dans le “Code sanitaire pour les animaux terrestres” précisent qu’il est obligatoire que les animaux soient étourdis avant l’abattage, et qu’ils ne ressentent ainsi “aucune douleur”. En se basant sur ce dernier, je ne peux m’avancer quant au respect du bien-être animal à ces deux étapes de l’abattage.

Cependant, l’action d'ôter la vie d’un animal, et ce quelque soit le procédé utilisé, vient entraver la liberté principale de ce dernier : vivre.

Verdict

Avant de conclure cet article, j’aimerais préciser que le contenu et les propos tenus dans celui-ci n’engage rien ni personne d’autre que ma propre personne.

A travers les différentes problématiques soulignées dans cet article, j’en tire la conclusion suivante : le bien-être animal n’est pas respecté dans les abattoirs.

Malheureusement, y compris au sein du “Code sanitaire pour les animaux terrestres”, les conditions d’abattage des animaux restent peu respectueuse du bien-être animal. Il reste encore de nombreux progrès à faire avant d’atteindre le total respect de celui-ci.

Vous avez maintenant tous les éléments en main pour forger votre propre opinion sur la question. N’hésitez pas à partager votre opinion et à réagir sur les réseaux sociaux pour que le débat autour de la question puisse avancer.

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